J’étais dans mon lit, attendant en vain le sommeil. C’était comme un train que l’on attend, un train dont on ne sait pas l’heure d’arriver, un train qu’on finit par oublier. Oui, c’était exactement la même chose. Sauf que c’était plus le train qui semblait m’avoir oublié. J’attendais comme si quelque chose allait arriver, mais je savais pertinemment que ce ne serait pas le cas et que je finirais encore par aller à la bibliothèque.

Je voyais mon coloc’ s’endormir paisiblement et je commençais à l’envier. Au début, j’avoue que j’aimais pouvoir rester éveillé et lire à la bibliothèque mais je finissais par trop lire et surtout de moins en moins dormir. Et partir en plein milieu de la nuit est devenu une habitude, une règle à laquelle je ne pouvais plus déroger. Je me sentais mal de faire cela mais je ne voulais pas déranger Ha Neul et je ne pouvais pas non plus rester ici à ne rien faire et me tourner les pouces. Je le regardais encore une dernière, m’assurant qu’il soit bien endormi avant de partir. Car oui, je ne voulais pas qu’il se réveille la nuit et qu’il ait peur parce que je n’étais plus là. Bon vous allez me dire “Oui mais si tu t’inquiétais vraiment tu ne partirais pas.”, pour ces personnes, je n’aurai rien à ajouter.

Je prends de petites chaussures confortables avant de sortir discrètement de la chambre. C’est alors que je me mets à arpenter les couloirs, tentant de faire le moins de bruit possible. J’avance tranquillement avant de sentir une présence, comme si une personne me suivait. J’avais beau pouvoir avoir peur, je pensais assez de façon rationnelle pour limiter les crises de panique et sans même me retourner, je continuais d’avancer pour rejoindre la bibliothèque.

L’endroit n’était pas si loin, mais il n’était pas proche non plus. Il fallait donc au moins cinq minutes de marches pour l’atteindre de la chambre. Ce qui semblait plus que raisonnable sachant que ce n’est pas l’endroit le plus fréquenté, et encore moins en pleine nuit. Sérieusement, je commence à douter de mes facultés mentales : qu’est-ce que je fous là ? Bon je le sais pertinemment mais bon ça ne m’empêche pas de me poser la question tous les jours. J’entends un petits bruits que je ne distingue pas vraiment et auquel je n’aurais pas prêté attention si n’avais pas capté de la lumière derrière moi. En pensant qu’il s’agit d’un gardien, je me cache assez rapidement. Au bout de quelques secondes, ne voyant ni n’entendant toujours rien et avec mon cran de malade, je m’avance presque en évidence et je me dirige rapidement vers la bibliothèque. Au pire, je préfère qu’on me voit clairement et qu’on ne me fasse pas faire une crise cardiaque. Au moins, ils viendront directement me voir et ne me courseront pas, avec moi qui courerais en criant en pensant que je me fais attaquer par des extraterrestres.

J’arrive à la bibliothèque et je sais déjà ce que je veux mais ce qu’il vient de se passer me trotte encore dans la tête. Enfin, ce n’est que pour quelques instants car Ha Neul arrive en quelques secondes. Il vient en courant fonçant dans mon dos, se le prenant bien évidemment, et se mettant à crier. Sérieux, il pouvait vraiment être peureux parfois, mais je comprends  parfaitement. Je ne pensais pas qu’il me suivrait au beau milieu de la nuit, je pensais qu’il dormais et que je pouvais le laisser. Mais là, je me sentais un peu mal de l’avoir laissé et entraîné dans cet balade nocturne, lui qui était si peureux de nature. Mais bon, qu’est-ce que je pouvais faire ? Puis il prend la parole et même si ce qu’il dit n’est pas drôle- enfin si, c’est drôle- je ne eux m’empêcher de répondre avec un peu de sarcasme.

“En vie ? Évidemment que je suis en vie ! Pourquoi est-ce que je serais mort ?”

Puis il me secoue et je ne sais pas s’il veut simplement m’examiner ou si c’est parce qu’il m’en veut d’un quelconque manière que ce soit. Puceau ? … Je l’écoutais bien mais ce mot m’a interpelé : puceau ? Il pensait vraiment que j’étais puceau ? Je réprimais difficilement un petit rire : j’avais beau être asociale, me cacher dans les bibliothèque et avoir encore bien d’autres défauts, je n’étais pas puceau pour autant. Mais je préférais ne rien dire car je savais que cela mènerait à une assez longue discussion et bien que je l’aimais beaucoup, les longues discussions n’étaient pas ma tasse de thé. Je préférais laisser ce thé pour d’autres personnes. Puis la questions fatidique, je ne vais pas lui mentir mais bon, lui dire la vérité me fait bizarre alors je marque une pause avant de tout déballer.

“Euh oui. Je fais des insomnies et je viens donc lire ici de un pour ne pas te déranger et de deux pour avoir tous les livres à ma disposition.” Je me lèche les lèvres avant de le regarder dans les yeux. “Désolé de t’avoir inquiété, ce n’était pas le but recherché.”

Je le reprend dans mes bras quelques instants avant de le laisser et de reculer de quelques pas, ne sachant pas vraiment que faire.

“Tu veux rester avec moi ou tu veux qu’on retourne dans la chambre ? Si tu veux je peux te raccompagner.”