Je suis pas venu au monde seul. On était deux. On avait toujours été deux. Il est juste né quelque seconde avant moi. Je lui en voulais un peu mais il n’avait pas choisi. C’était lui l’aîné. On a grandi dans un ranch au Texas. Celui de notre mère.

Nos parents étaient coréens, mais vivaient là-bas. J’adorais notre vie. On s’occupait des cheveux, on passait nos après-midis à se balader. On ne faisait rien l’un sans l’autre. Il était ma moitié, une partie de moi. Il me protégeait tout le temps. Je ne pouvais pas me passer de sa présence.

Nous étions toujours dans les mêmes classe, avions les mêmes amis. Et on continuait toujours à s’évader à cheval à chaque fois que l’un de nous se sentait mal. On était de bons cavaliers et j’en étais fiers. Ma vie tournait autour de mon frère. Je croyais que notre relation serait toujours la même, que rien ne pourrait briser ce lien. Mais je me trompais.

Je n’avais pas remarqué sa douleur, son mal être. Il ne m’avait jamais rien dit. Je n’avais pas remarqué qu’il était tombé amoureux. D’un homme. Je n’avais jamais réfléchi à ça. A qui j’aimais. Lui l’avait fait. Et ce garçon l’avait rejeté puis harcelé. Pourquoi est ce qu’il ne m’en avait pas parlé.

Nous allions à une fête, nous avions 16 ans et il venait d’avoir son permis. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me regarde quelques secondes avant de s’encastrer dans un arbre. Je me suis réveillés plusieurs jours après à l’hôpital et j’ai cru mourir en apprenant qu’il ne serait plus jamais là.

Une cicatrice me parcourt tout le dos, je n’ai jamais pu guérir ma jambe correctement malgré la rééducation. Je n’ai jamais pu remonter à cheval. J’ai fait une grosse dépression et c’est pour cette raison que je suis arrivée en Corée. Pour un nouveau départ. On l’abandonnait là-bas.

Mes parents m’ont inscrit dans un des meilleurs lycées, m’ont acheté un nouveau cheval avec lequel je pratique aujourd’hui le dressage. Son fantôme me hante toujours. Je me sens perdu sans lui.