Avec un père footballeur et une mère joueuse de volley-ball professionnelle, Jin Woo aurait dû être une perle rare dans le domaine sportif. A sa naissance, il habitaient un petit appartement de Séoul, et passaient leur temps à préparer l'avenir de leur fils. Cours de gym pour bambins, natation, Jin Woo avait tout fait. Et il fallait dire qu'il était plutôt doué. Ses parents avaient placés de grands espoirs en lui, et se vantaient déjà auprès de leur amis de « leur petit prodige du sport ».
A l'école primaire, Jin Woo ne faisait qu'augmenter la fierté de ses parents : premier en cours de sport, le chouchou du professeur. Même s'il avait des lacunes dans les autres matières, ses parents étaient satisfaits à partir du moment où il était un bon sportif. Jin Woo était parfaitement heureux aussi, rendre ses parents fiers était sa priorité.

Puis, à ses onze ans, tout changea : son père avait entamé une carrière de footballeur international, et sa mère enchaînait les compétitions de plus en plus fréquemment. Ils se rendirent compte rapidement qu'ils ne pouvaient plus s'occuper de leur fils comme avant. Jin Woo fut confié à sa grand-mère paternelle, qui vivait sur l'île de Jeju. Passer de la capitale à la campagne avait été plus que difficile sur lui, mais c'était l'absence de ses parents qui l'affecta le plus. A tel point que ses aptitudes physiques passèrent de plus que prometteuses au néant absolu.
Même Jin Woo ne pouvait pas l'expliquer. A partir du jour où il avait déménagé, ses jambes refusaient de le porter comme avant, il s'essoufflait au bout de cent mètres et il avait même manqué de se noyer, incapable de nager. Sa grand-mère avait expliqué ça comme un « blocage » : parce que ses parents n'étaient plus là, son corps refusait de faire ce qui le liait auparavant à eux. Que c'était pour éviter d'y penser, pour se protéger.
Mais ce blocage ne le protégeait pas, bien au contraire.
Le collège à la campagne n'avait rien à voir avec ceux de Séoul : les enfants étaient moins nombreux, mais plus cruels. Etre le petit nouveau n'était déjà pas un avantage, mais être nul en sport et assez bon en sciences avait été déterminant pour le sort de Jin Woo : il était devenu la « tête d'ampoule ».
Pendant quatre ans il connut les boulettes en papier, les chewing-gum dans les cheveux et la fameuse tête dans les toilettes. Il n'avait jamais osé se défendre, car sa grand-mère lui avait appris que la violence ne résout rien. Alors il tentait de fuir ou acceptait son sort en priant que ça se termine rapidement.
C'était devenu commun pour Jin Woo de ne pas réussir à dormir la nuit, effrayé par le sort qui l'attendait le lendemain. Alors, durant ces nuits-là, le garçon sortait dans le jardin avec sa grand-mère, et ils observaient tout deux le ciel. C'était son seul moment de paix, et Jin Woo se prenait souvent à espérer que le soleil ne se lève jamais.Sa grand-mère n'y connaissait pas grand-chose, à peine une ou deux constellations, mais elle avait réussi à fasciner son petit-fils. C'est à cette période là que Jin Woo se prit de passion pour les étoiles, et l'espace en général. Il passait son temps libre à la bibliothèque, à dévorer tout les bouquins traitant du sujet. Bien sûr, ça n'améliora pas son image de tête d'ampoule auprès des autres élèves, mais ça ne l'empêcha pas d'en apprendre plus tout les jours sur le sujet et de rapidement se spécialiser, jusqu'à gagner le surnom de génie de l'astronomie.

C'est avec un petit sourire de satisfaction que Jin Woo constata qu'il avait été accepté à la Yamang Institute, chez les scientifiques, alors que les autres élèves de sa classe se plaignaient d'avoir échoué. Ce jour-là, il devint sûr et certain que de se voir accorder un meilleur avenir était la plus belle vengeance qu'il puisse avoir.